Je me suis présenté au Restaurant La Mise au Jeu du Centre Bell où l’élite du hockey au Québec était présente à l’occasion de cette première journée du Sommet du hockey québécois Molson Export. Il était bien difficile d’avoir des attentes face à l’évènement qui en n’était à sa naissance. À mon arrivée, j’ai reçu une pochette décrivant le déroulement de la soirée. Personne ne sait trop à quoi s’attendre. Le suspense dure toujours. Une dizaine d’invités discutent ensemble et semblent tous travailler pour des équipes de hockey Midget AAA. Difficile de manquer l’entrée de Bobby Smith qui se joint au groupe.
C’est à ce moment que la première rencontre de la soirée se produit, il s’agit de monsieur Jean Trottier, fondateur du Comité des jeunes de Rosemont. L’homme de 82 ans est une figure légendaire du hockey au Québec. Il a été l’entraîneur de l’équipe de hockey de l’école de Saint-Jean-de-Brébeuf, en plus d’y enseigner. Des anecdotes se suivaient l’une après l’autre, toutes autant passionnantes. Ce dernier n’a que de bons mots pour Gaston Therrien, maintenant analyste à RDS, qu’il a eu la chance de diriger. « C’était tout un joueur de hockey! », s’est-il même exclamé. Sur un ton plus humoristique, il s’est permis de se moquer de la petite stature de Richard Morency, président de la Ligue de hockey junior AAA du Québec. « Morency a déjà joué contre mon équipe, il n’était pas plus haut que la bande ».
M. Richard Morency figure à la toute gauche sur la photo : « Il n’était pas plus haut que la bande », s'exclame M. Jean Trottier à son propos.
Selon M. Trottier, la méthode de développement des joueurs la plus efficace est celle des Suèdois. Au dernier repêchage de la LNH, six d’entre eux ont été sélectionnés en première ronde dont Adam Larsson (New Jersey) et Gabriel Landeskog (Colorado) déjà sous contrat avec leurs équipes respectives. M. Trottier ajoute qu’il ne faut pas comparer le développement des hockeyeurs des États-Unis à celui du Canada, car il y a d’innombrables arénas chez les voisins du Sud.
Accueillis par des hôtes d’une classe hors pair, les invités se sont vus offrir des apéritifs et des mignardises. La période de relations publiques débute avant la présentation des trois sessions. Les sujets abordés sont les défis du développement du hockey au Québec, les joueurs d’aujourd’hui et leurs caractéristiques et les éléments clés pour le succès dans le sport et dans la vie. Un cocktail des plus intimes alors que près de 75 personnes sont réunies. Impossible de ne pas se laisser envouter par le discours du docteur Georges Larivière, conférencier sur le développement des joueurs de 16 ans. Des histoires captivantes telles qu’expliquées par un philosophe. Si vous avez la chance de le rencontrer, demandez-lui de vous raconter son expérience en tant qu’entraîneur des Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Les défis du développement du hockey au Québec
Les conférenciers Joël Bouchard et Maxime Talbot avaient pour mandats d’expliquer leur cheminement au hockey ainsi que d’agir à titre de conseillers pour les invités présents.
Selon Maxime Talbot qui, soit dit en passant, avait patiné le matin même avec des jeunes joueurs à Philadelphie, la clé du succès est de jouer avec passion. « Je veux toujours donner la meilleure impression » a expliqué le numéro 27 des Flyers. Le récipiendaire de la Coupe Stanley sait pertinemment qu’il n’est pas le meilleur manieur de rondelle, ni le meilleur patineur, mais il connaît pertinemment l’importance de tout donner. D’agir comme un guerrier match après match. En ce qui a trait à son développement, il croit que tous ses entraîneurs sont en partie responsables de son succès.
Le volubile Joël Bouchard rappelait l’importance de la passion chez les joueurs de hockey. « Le jeune doit être motivé par le jeu, mais surtout pas pour ce que ça l’apporte à l’extérieur de la patinoire », a-t-il ajouté. Le nouveau dirigeant de l’Armada de Blainville-Boisbriand a eu une décision difficile à prendre pendant le camp d’entraînement de son équipe. Il avait le choix de sélectionner l’une de ses meilleures sélections au dernier repêchage, qui par le fait même était prêt physiquement, ou un joueur plus petit obtenu lors d’une ronde tardive. Son choix s’est arrêté sur le plus petit, car il sentait plus de motivation de sa part. L’ancien défenseur des Flames de Calgary a conclu avec un judicieux conseil aux entraîneurs. « N’ayez pas peur de le dire à vos joueurs quand ils ont un petit plus, ça donne un boost. »
Les joueurs d’aujourd’hui et leurs caractéristiques
Questionnés sur les habiletés à améliorer dans le développement des joueurs, Jacques Martin et Donald Audette ont offert des suggestions bien différentes. L’entraîneur-chef du Canadiens de Montréal, croit qu’il est primordial d’avoir un bon coup de patin et de bonnes aptitudes. Dans le cas de M.Audette, qui dirige une équipe Midget AAA, la lecture de la partie et des petits détails est très importante.
Les deux locuteurs sont revenus sur la nécessité d’être passionné pour pratiquer du hockey de haut niveau. Lorsqu’un joueur prend plus de temps à se développer, le blâme est trop souvent lancé aux dirigeants. Dans la LNH, M. Martin croit qu’il faut tenir compte du caractère de l’athlète sur et hors de la glace. « Il faut que la personne veule, ce n’est pas toujours la faute de la direction », a complété l’ancien joueur vedette des Sabres de Buffalo.
Au Québec, les jeunes hockeyeurs doivent se présenter à leurs pratiques deux fois par semaine, tandis qu’en Ontario il est question de trois ou quatre fois. Une différence qui s’explique par le manque d’infrastructures au Québec. Des joueurs doivent parfois même pratiquer à 21 heures. Le hockey d’été une bonne initiative? Jacques Martin croit qu’un repos est bénéfique. « Il est important d’avoir une saison morte, faire d’autres sports pour obtenir un regain d’enthousiasme. »
Leadership : Éléments clés pour le succès dans le sport et dans la vie
En guise de conclusion de la soirée, l’ancien président du Canadiens de Montréal, Pierre Boivin et le président de BFL Canada, Barry F. Lorenzetti ont partagé leurs meilleurs trucs en matière de gestion. Ces hommes d’affaires encouragent le changement, soit d’éviter de faire du sur place. En plus d’être passionné, M. Lorenzetti propose de toujours foncer pour ne pas se faire rattraper. L’innovation est la clé du succès. Toujours selon le duo de conférenciers, il est important de cibler les résistants et les éliminer.
Je vous invite d’ailleurs à lire l’excellent article de Philippe Cantin de La Presse à propos du Sommet intitulé : Sommet du hockey : le message de Pierre Boivin.
Article rédigé par : Sébastien Proulx, collaborateur
Rétroliens/Pings