C’est en me rendant au travail hier que j’ai eu la chance, l’énorme chance devrais-je dire, d’écouter l’entrevue qu’a accordée M. Yves Pauzé, président de l’Association du hockey mineur de Montréal, à Paul Arcand sur les ondes du 98,5 FM. On y faisait notamment référence à la nouvelle de la veille comme quoi une trentaine de jeunes hockeyeurs de la métropole étaient suspendus et ne pourraient jouer dans une ligue cet hiver. Ceux qui se demandent ce que quelques conseils de relations publiques auraient pu faire de différent dans ce cas précis, je réponds à votre question.

Comme il arrive souvent, les gens du domaine journalistique écrivent sur des injustices qui interpellent émotivement le public dans l’espoir de faire réagir les instances concernées. Dans certains cas, rien ne fonctionne et le sujet est vite oublié. Dans d’autres, le sujet suscite les réactions souhaitées et les injustices sont renversées. Voici qu’après avoir écrit sa chronique Le petit Arthur jouera dans la ruelle cet hiver, François Gagnon, successeur désigné à Réjean Tremblay à La Presse, a carrément fait sursauter M. Pauzé qui y voyait visiblement une insulte. Si on en croit M. Gagnon, M. Pauzé « était en colère lorsque La Presse l’a joint […]. Non, il était en furie. J’espère d’ailleurs qu’il est plus sélectif dans ses choix de mots quand il passe un savon à l’un ou l’autre des 7000 jeunes hockeyeurs qui sont sous sa responsabilité sur l’île de Montréal… » Est-ce la bonne façon d’agir? Vraiment pas! Non seulement cela, mais alors que M. Pauzé s’est rudement défendu en disant que personne de son organisation n’avait ni appelé ni envoyé de courriel aux jeunes hockeyeurs visés, M. Gagnon a publié sur son blogue un courriel qu’il a reçu d’un parent, signé par M. Pauzé. Avec une preuve comme celle-là, on ne peut se tromper Qu’aurait-il dû faire? Voici mes conseils à M. Pauzé pour sa prochaine entrevue :

  • Premièrement, il est conseillé de sélectionner trois messages-clés et de les ramener aux moments propices dans une entrevue. Ça permet aux auditeurs de se remémorer les éléments marquants de votre argumentaire. Maintenant, si vos messages-clés sont « ce n’est pas de notre faute », « nous n’avons rien fait » ou même « c’est vous qui foutez le trouble », prière de réviser vos arguments. Ce n’est pas en repoussant la faute sur quelqu’un d’autre qu’on se donne la chance de bien paraître auprès des gens qui écoutent, et surtout pas auprès du journaliste.
  • Ensuite, dans les cas de relations publiques, on demande toujours de ne pas mentir. C’est la pire chose qu’une personne peut faire. Le journaliste a même souvent des preuves que vous mentez avant même que l’entrevue soit terminée. Pourquoi se placer dans une situation précaire au départ?
  • Aussi, le choix des mots est tout aussi important. À partir du moment où une personne questionnée s’emporte et lance des injures, il démontre un agacement et une frustration certaine envers le sujet qui lui est présenté. Vaut mieux éviter une entrevue que de parler au journaliste avec trop d’énervement. C’est désagréable autant pour les auditeurs ou les téléspectateurs que pour le journaliste.
  • Après coup, les journalistes ne demandent pas des excuses mais bien des explications. M. Pauzé aurait pu expliquer qu’une erreur avait été commise. Faute avouée est à moitié pardonnée, par vrai?
  • Un peu comme l’expliquait Yoda dans Star Wars, la colère et la vengeance ne sont pas des solutions à des problèmes. Gardez votre sang-froid et prenez le temps de vous préparer. C’est ce qui vous mènera vers une entrevue réussit.

Il faut dire que ce n’est pas tout le monde qui peut avoir accès à un spécialiste des relations publiques. Il reste que ces quelques lignes sont à la base de n’importe quelle entrevue. Et même si vous ne pouvez considérer cela comme une formation par un professionnel, vous pouvez néanmoins vous y fier pour vos entrevues hors crise ou avec un sujet léger. Si vous prenez quelques minutes et écoutez quelques entrevues données par des personnalités publiques, vous pourrez noter l’utilisation de ces quelques conseils. Sachez que ce que vous paierez pour des conseils en relations publiques pourrait faire la différence entre des résultats désastreux et une réussite totale.

Bon succès!