Les Québécois sont reconnus pour leur respect, leur ouverture et leur accueil. Ces valeurs nous caractérisent et nous définissent. Toutefois, depuis que le sujet de la Charte des valeurs nous a été imposé par le Parti Québécois, il est difficile de se reconnaitre en tant que peuple. En écoutant les innombrables commentaires haineux et racistes que certaines personnes galvaudent à travers les discussions à caractère religieux qui se tiennent dans les chaumières, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre ce qui a pu nous arriver. De tous ces débats embarrassants, gênants et parfois même affreux, j’en retire une chose : la Charte fait mal à nos valeurs québécoises.

Un énorme malaise plane au dessus du Québec. L’incompréhension est sans doute l’une des tares de cette approche. Beaucoup de Québécois se questionnent sur les fondements même de la Charte alors que d’autres, mené par la méconnaissance des religions et des coutumes étrangères, malmènent l’islam comme seule source du mal en nos terres. Il y a une grande différence entre le fait de ne pas accepter la violence et la condamner, celui d’assurer la sécurité nationale de tous les habitants du Québec, et le fait de discriminer les personnes qui ne souhaitent pas adopter la même religion que nous ou refusent d’être laïques. Si des codes devaient changer, ce serait certainement ceux de la justice et du droit, pas les codes vestimentaires!

Notez qu’un seul élément des orientations de la Charte des valeurs a un sens de sécurité, celui du visage à découvert lors d’élections. Et cette orientation du Parti Québécois est plus large que cela, puisqu’elle oblige également toute personne au service de l’État à garder le visage découvert lorsqu’elle donne un service à la population. Et s’il était rendu par téléphone ce service, quelle différence ça ferait? Si l’aspect de l’égalité homme-femme était considéré à son sens le plus large, ç’aurait été un élément supplémentaire à ajouter aux orientations sensées qui respectent une certaine liberté des Québécois de souche ou non. Mais il n’en est rien. Qui plus est, les personnes catholiques devront même éviter de porter des signes ostentatoires, que ce soit des croix ou tout autre objet leur rappelant leurs croyances. Quand on pense que Noël est devenu les Fêtes pour éviter de froisser, la Charte fait encore plus mal à nos croyances.

Les décideurs et les accommodements raisonnables

Si on se rappelle, les décisions les plus notables concernant les accommodements raisonnables ont été prises par des dirigeants d’entreprises, d’organisations ou de municipalités, des Québécois pure laine, comme on dit. Les médias ont grandement fait état d’accommodements dit déraisonnables, démontrant ainsi tout le flou qui entoure notre volonté de faire plaisir à tout le monde. Les idées préconçues se sont vite propagées à la population. Dans la grande majorité des cas, il s’agissait davantage de changements effectués de manière à ne pas déplaire à quelques personnes. Un peu comme l’adaptation d’un lieu de travail pour des personnes atteinte de nanisme ou de tout autre problème physique, par exemple. L’objectif devrait toujours être de prendre les moyens pour accommoder, sans préjudice aux autres. Alors pourquoi considérer les accommodements raisonnables à caractère religieux différemment de ceux qui ont un caractère humain? C’est souvent dans ce genre de cas qu’on peut entendre les commentaires les plus racistes.

En sommes-nous arrivés à vouloir réellement imposer notre façon de vivre aux nouveaux arrivants? Souhaitons-nous diriger les Québécois de tout acabit vers une complète laïcité qui ne figure pas du tout dans notre culture propre?

L’enjeu des femmes

Le port du hijab, du niqab ou de la burqa semble être considéré comme une forme de violence faite aux femmes par certains groupes, notamment celui des Janette. Pourtant, la police peut intervenir en tout temps en cas de violence, non? En terme de loi, lorsque quelqu’un est victime ou témoin de violence physique ou psychologique, elle peut porter plainte à la police. Ceci s’applique à toute personne résidant sur le territoire canadien et ces balises existent déjà.

Certaines femmes d’ici ont connu la peur et le jugement lorsqu’ils ont mis les pieds sur des terres arabes. Elles se sont senties opprimées dans leur droit à demeurer elles-mêmes. Leurs souvenirs de voyage sont empreints de haine et d’incompréhension. Souhaitons-nous faire vivre ces sentiments malsains aux personnes désirant visiter ou s’établir en sol québécois? Désirons-nous réellement obliger quelqu’un à renier sa religion afin qu’elle puisse s’établir ici? Serions-nous prêt à « devenir momentanément musulman » pour visiter un pays islamique? Il n’y a rien de moins sûr.

Et le modèle français?

Certains diront que le gouvernement du Québec devrait calquer le modèle français en terme d’immigration. Ce que les plus grands de ce monde font, c’est utiliser les meilleures idées pour en développer d’encore meilleures. En ce sens, difficile de dire que le modèle de la France est efficace, surtout lorsqu’on pense aux débordements que le pays connait depuis quelques années. Je ne parle même pas des récentes manifestations contre l’islamisation et l’immigration! Et si les Français n’était tout simplement pas comme nous? Si on en croit les manifestations anti mariage gai qui se sont tenues à Paris et à l’ouverture que les Québécois démontrent sur le même sujet, ça se pourrait qu’ils soient différents d’une manière. Alors, comment devrions-nous appliquer ici ce qui se fait ailleurs, et ce, sans preuve réelle et concrète de son efficacité? La question se pose.

Une autre façon de voir les choses

C’est un peu comme une maman qui parle à une autre maman : « Tu laisses ton enfant faire ça? À cet âge, il devrait déjà être propre! Moi, je ne l’élèverais pas comme ça! » Que de commentaires difficiles à entendre, n’est-ce pas? Je connais des femmes qui ont subit ce genre de supplice, jusqu’à en pleurer. Et pourtant, il n’y a pas qu’une seule façon d’éduquer un enfant. Je me trompe? Alors pourquoi y aurait-il une seule façon de vivre en sol québécois? Est-ce que la laïcité générale de la population est une obligation pour assurer un respect des valeurs du Québec?

Mes vraies valeurs

Le respect des autres est une valeur que mes parents m’ont transmise, un élément de ma culture familiale que je souhaite conserver et que je serais forcé de renier si je devais accepter, en bon Québécois, le projet de Charte tel qu’il est. C’est bien par respect pour moi-même, pour ma nation et nos valeurs québécoises que j’ai écrit ce texte. Sans prendre position pour ou contre la Charte, je me devais de démontrer tout le flou que ce projet laisse planer autour de lui. D’autant plus que je souhaite conserver nos fêtes, religieuses ou non, nos coutumes, religieuses ou non, nos valeurs… Il y a sans doute des balises à offrir aux décideurs et je suis convaincu qu’il y a une façon de se respecter les uns des autres dans une proposition sensée. Je préfère croire en un Québec accueillant et respectueux qu’en un Québec discriminant les nouveaux arrivants d’origines et de religions qui ne cadrent pas dans les valeurs qui nous ont été imposées. Ou pire, un Québec qui se discrimine soi-même.

En terminant, je vous laisse avec quelques citations typiquement québécoises tirées du site Citation célèbre :

« Une réputation perdue ne se retrouve plus »

« Le plus petit arrangement vaut mieux que le meilleur procès »

« Vaut mieux se tromper que de s’étrangler »

« Il ne faut pas être plus catholique que le pape »